Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
War Witness
War Witness
Derniers commentaires
Archives
11 juillet 2007

Y’A-T-IL UNE VERITE CIVILE ET UNE VERITE MILITAIRE QUI S’OPPOSENT DANS L’ASSASSINAT DE SERGE MAHESHE ET L’ARRESTATION DES TEMOIN

Nous ne prétendons pas détenir toute la vérité, nous disons ce qui, à notre connaissance, a été perpétré ce soir-là, mais également ce qui se passe aujourd’hui dans les couloirs de la justice militaire.

Y’A-T-IL UNE VERITE CIVILE ET UNE VERITE MILITAIRE QUI S’OPPOSENT DANS L’ASSASSINAT DE SERGE MAHESHE ET L’ARRESTATION DES TEMOINS CLEFS Serge Muhima et Alain Mulimbi ?

Nous n’avons aucune prétention de rendre la justice nous-mêmes, ni de nous substituer aux autorités établies en la matière, aussi bien militaires que civiles. Toutefois, comme parents, frères et amis de Serge Maheshe lâchement assassiné, et témoins actuels de ce qui nous apparaît de plus en plus comme une odieuse machination, nous avons le devoir de porter à la connaissance du public les faits que nous connaissons.

Nous ne prétendons pas détenir toute la vérité, nous disons ce qui, à notre connaissance, a été perpétré ce soir-là, mais également ce qui se passe aujourd’hui dans les couloirs de la justice militaire.

En tant que citoyens, nous avons le droit d’espérer de nos institutions judiciaires, civiles ou militaires, un traitement de la vérité, digne de la gravité des faits qui ont été commis et qui ont conduit à la mort d’un jeune homme et à l’incarcération sans jugement de ses amis.

Nous voulons donc par ce document, offrir au public, aux diverses institutions, la version des faits telle que relatée par ceux qui les ont vécus, seuls témoins oculaires du drame qui a coûté la vie à notre frère Serge Maheshe.

Ces faits, ils ont eu le temps de nous les relater, avant qu’ils soient eux-mêmes mis sous silence, dans une parodie d’enquête, dont la trame essentielle semble s’articuler autour de la fabrication de faits et de témoins, avec vraisemblablement pour objectif de détourner la vérité sur les véritables assassins de notre fils et ami Serge Maheshe.

En effet, la tournure que prend l’enquête nous inquiète, nous interpelle et appelle à la vigilance. S’agit-il d’une conspiration, d’une machination ou d’une marche lente vers une possible justice ?

C’est aussi parce que nous n’avons pas les réponses à ces questions que nous vous soumettons ce texte pour nous aider comme parents et victimes, mais également aider notre justice militaire à privilégier la vérité et rendre justice aux familles déchirées aujourd’hui par le fait de bandits.

Pour nous parents, amis et frères de Serge Maheshe, les faits sont clairs : des hommes en armes (pouvant être des militaires) ont assassiné un civil devant deux témoins civils. La justice militaire s’efforce aujourd’hui de démontrer que les deux témoins civils sont les véritables instigateurs de l’assassinat, sans véritable preuve formelle.

Le film des événements en cette tragique soirée du 13 juin 2007.

1. Le mercredi 13 juin dernier, autour de 20h00’, Serge Maheshe de retour de son travail, est passé prendre son ami

Serge Muhima au domicile de celui-ci, afin qu’ils aillent ensemble rendre visite à leur ami commun Alain Mulimbi et lui déposer leur contribution pour son mariage prévu pour le vendredi 15 juin suivant.

2. En effet, Alain Mulimbi était le dernier du « trio » d’amis à se marier. Les deux Serge s’étant mariés l’un à la suite de l’autre très récemment. Serge Maheshe, Serge Muhima et Alain Mulimbi, comme liés par le destin, ont tout connu

ensemble. Véritables amis et anciens collègues de l’Université Catholique de Bukavu, leur destin social et professionnel a suivi la même courbe ascendante, dont le mariage d’Alain Mulimbi était également un jalon. Dans la fleur de l’âge, ils étaient gais, équilibrés et visiblement appelés à un avenir florissant, faisant la fierté de leurs familles, transformées par la magie de leur amitié, en une grande Famille.

3. Ce soir du 13 juin donc, au moment de quitter la résidence des parents d’Alain Mulimbi, située non loin de la route du « Corps de la paix » et de la place connue sous le nom de «feux rouges », les trois amis échangeaient encore quelques mots avant que les deux visiteurs ne montent dans leur véhicule.

4. A cet instant, deux (2) individus en provenance de la route menant vers le « Corps de la paix » arrivent et les

dépassent sans un mot.

5. Quelques instants après, ces mêmes individus ont alors fait irruption devant eux, en venant en sens opposé, c’està- dire de la route menant vers la place «feux rouges ». L’un deux leur intima l’ordre de se mettre par terre, en

chargeant directement son arme à feu. Il s’exprimait en _______________

2

6. L’un des trois amis agressés demanda ce qu’ils avaient fait pour qu’ils se mettent à terre. (et toujours en

___________), l’homme armé réitéra l’ordre de se mettre par terre sans demander ni argent ni identité.(. Les trois

amis s’exprimaient en _______________)

7. Serge Maheshe qui avait un handset tenta d’appeler la base Monuc pour signaler les faits.

8. A ce moment, un premier coup de feu fut tiré. Serge Muhima eut le temps de se jeter dans un caniveau pendant qu’ Alain Mulimbi se cachait sous le bus de la Monuc qu’avait Serge Maheshe. Celui-ci n’a pas eu le temps de fuir.

9. De leur cachette, les deux amis entendaient Serge Maheshe demander ce qu’il avait fait. Il implorait les malfaiteurs de prendre tout ce qu’il voulait, son argent, son téléphone etc…Un deuxième coup de feu fut tiré. Un des malfaiteurs se mit à tirer Alain par les pieds pour le faire sortir de sa cachette sous le bus.

10. Un troisième coup de feu fut tiré. Alain Mulimbi qui avait résisté et donc toujours sous le véhicule vit les malfaiteurs s’éloigner visiblement sans se presser.

11. Alors Alain Mulimbi sortit de sa cachette sous le véhicule et se mit à appeler les deux Serge (Maheshe et Muhima).

12. Serge Muhima sortit, à son tour, du caniveau et avec Alain Mulimbi ils constatèrent que Serge Maheshe gisait par terre. C’est alors qu’ils appelèrent au secours et les voisins qui avaient entendu les coups de feu ont accouru.

L’hôpital, le décès et les funérailles de Serge Maheshe.

13. Serge Muhima et Alain Mulimbi ont alors conduit Serge Maheshe à l’Hôpital Provincial Général de Référence de Bukavu. A ce moment-là, Serge Maheshe délirait et saignait abondamment. Le Dr Zozo, médecin habitant dans la même concession qu’Alain Mulimbi les accompagnait.

14. Arrivé à l’hôpital, Serge Muhima a alors avisé quelques autorités, notamment celles de la Monuc, de l’agence de sécurité des Nations Unies(UNDSS), ainsi que certains membres de sa propre famille.

15. Après ces coups de téléphone, Serge Muhima rejoint alors Alain Mulimbi devant la salle des urgences, lequel déjà en pleurs lui annonçait que Serge Maheshe était déjà mort. Le Dr Zozo, sur les lieux, confirma les faits par un hochement de tête. Visiblement sous le choc, Alain Mulimbi fut également pris en charge par l’équipe médicale des urgences.

16. Des amis, des agents de la Monuc et la grande famille élargie des trois amis affluèrent peu à peu à l’hôpital. Ils formèrent bientôt un cortège qui a accompagné le corps du défunt jusqu’au domicile de ses parents, littéralement terrassés et inconsolables.

17. Plus tard dans la même nuit, aux alentours de 23h, on a vu passer chez les parents de Serge Maheshe plusieurs autorités de la place, notamment Mr Alpha Sow, Chef de Bureau de la Monuc à Bukavu et beaucoup d’autres encore.

18. La même nuit, Alain Mulimbi avait été conduit au bureau de la police nationale pour des premiers interrogatoires. Il fut suivi de son père accompagné de ses deux fils et du Dr Zozo. Après l’interrogatoire, ils rentrèrent tous à la maison, encore sous le choc.

19. Le lendemain à 6h00 du matin, les radios diffusaient déjà la triste nouvelle. Elles parlaient de l’assassinat de Serge Maheshe et des informations circulaient sur un bouclage et un ratissage du quartier Ndendere par des enquêteurs (non autrement identifiés).

20. Vers 8hoo du matin, une foule compacte (étudiant, agents Monuc, famille, IRC, etc.) s’était massée au domicile des parents de Serge Maheshe. Vers 9h30’, le Gouverneur de la Province est arrivé. Visiblement très ému, il s’est recueilli quelques instants devant la dépouille mortelle de Serge Maheshe. Il n’a fait aucune déclaration à ce moment-là.

3

Enquête de la police, interpellation des premiers suspects et reconstitution des faits.

21. Plus tard dans la soirée, les radios de la place parlaient déjà de la détention à l’Auditorat Militaire de 18 suspects, lesquels auraient détenu des armes sur eux ou dans leurs maisons. A ce stade, aucune information n’avait filtré sur l’identité des suspects. Etaient-ils des militaires ? Des démobilisés ?

22. Ces personnes avaient été interrogées, et le bruit a couru qu’une arme avait déjà été identifiée comme étant «l’arme du crime».

23. Un « procès » était ouvert le soir même du jeudi 14 juin 2007. Serge Muhima et Alain Mulimbi étant entendus comme à ce « procès » comme « renseignants ».

24. Le lendemain 15 juin 2007, au courant de la messe des funérailles, chargée de beaucoup d’émotion et dite à la Cathédrale Notre Dame de la Paix, l’officiant n’a pas caché son indignation.

25. Le même jour vers 14h, tout le monde s’est rendu au cimetière, à l’exception de Serge Muhima et Alain Mulimbi, retenus à l’auditorat militaire, pour avait-on dit, les faire comparaître à tout moment dans le procès qui continuait.

26. Grâce à la météo qui s’était gâtée ce jour-là, le procès fut suspendu, et les deux amis purent aller rendre un dernier hommage à leur ami que l’on portait à sa dernière demeure à ce moment-là.

27. Après l’enterrement, tous les amis, membres de la famille, connaissance et autres se sont retrouvés chez les parents de Serge Maheshe. Un cahier de condoléances y était ouvert à l’intention de nombreuses personnes venues témoigner leur ressentiment et dire un dernier adieu au regretté Serge Maheshe.

28. Le samedi 16 juin, en mémoire du disparu, toutes les radios et télévisions de Bukavu ont observé un silence total,

suspendant leurs émissions pour ne diffuser que de la musique religieuse. Le silence des ondes dura toute la journée, toutes les émissions même les informations furent interrompues, en guise de colère, de tristesse, d’indignation et de frustration des journalistes.

29. Le même samedi, une cérémonie officielle s’est déroulée à Kinshasa à laquelle beaucoup d’autorités ont assisté et fait des déclarations, notamment : le ministre de l’information, le ministre de l’intérieur, le président de l’assemblée nationale, le Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC, etc...

30. La reconstitution des faits, au lieu du crime, prit toute une journée. Bien que sous l’effet de la panique et de la peur du drame, les deux amis de Serge Maheshe n’avaient pas pu retenir le visage de leurs agresseurs au moment des faits, ils ont pu, néanmoins, lors de la reconstitution de la scène du crime, reconnaître et la voix et la démarche de l’homme qui avait tiré sur Serge Maheshe. Ils l’ont fait savoir aux avocats de la défense.

31. Au cours de la reconstitution, l’un des présumés coupables dira à Serge Muhima en lingala et sur ton réellement menaçant : « Yo olobi omonaki biso awa ? Ok, keba nayo, toko bima », ce qui se traduit par: « Toi tu dis nous avoir vus ici (reconnus) ? Fais attention à toi ! On sera libérés ».

32. Il y a eu plusieurs auditions publiques, mais une seule a été vraiment réalisée ??????. Le procès a souffert de deux reports, une dernière comparution étant prévue pour le 11 juillet.

Enquête militaire, apparition de nouveaux « tueurs auto-déclarés » à l’Auditorat militaire et arrestation des seuls témoins oculaires de l’assassinat : Serge Muhima et Alain Mulimbi

33. Le samedi 30 juin, vers 17h 00, Serge Muhima a été appelé au domicile des parents de Serge Maheshe. Lorsqu’il y est arrivé, un homme se présentant comme magistrat à l’auditorat militaire lui a déclaré qu’il y avait des faits nouveaux et qu’ils avaient besoin de lui à l’auditorat.

a. Aucun détail sur ces prétendus « faits nouveaux » n’a été donné, ni à Serge Muhima ni au père de Serge Maheshe ;

b. Aucun document justifiant cette mission n’a été présenté.

4

34. Toujours sous le choc des tragiques événements, Serge Muhima l’a donc suivi et est arrivé à l’auditorat militaire. Dans le même temps, le père de Serge Maheshe a téléphoné à un agent de la Monuc pour lui signifier qu’il venait de recevoir la « visite » d’un magistrat, lequel a demandé à Serge Muhima de se présenter à l’auditorat militaire pour des « faits nouveaux ».

35. Arrivé à l’auditorat militaire, Serge Muhima a été confronté à deux individus civils qu’ils n’avait jamais vu auparavant

et sans liens apparents avec les premiers présumés coupables, qui eux, étaient militaires. Quand Serge Muhima a été présenté à ces deux individus, ils se sont exclamés : « Non, ce n’est pas lui ! Lui c’est Ka Serge, nous le connaissons bien ; ce n’est pas lui…c’est plutôt Alain. Nous ne pouvons oublier qui est Alain, le Dr Alain Mihigo ».

36. A la demande de l’auditeur, Alain a été contacté par téléphone pour se présenter à l’auditorat militaire, pour quelques renseignements. Alain Mulimbi a également été conduit devant les mêmes individus, lesquels ont prétendu le reconnaître finalement comme étant le commanditaire du crime.

37. Ils ont déclaré avoir été approchés par lui et qu’il leur avait promis 30.000 $ (trente milles dollars) s’ils réussissaient à tuer Serge Maheshe. Ayant décidé d’entendre tout le monde, les auditeurs ont décidé de garder Alain Mulimbi et

Serge Muhima « pour des raisons d’enquêtes ».

38. A ce stade, aucune information n’a été fournie aux membres de la famille de ces deux témoins, qui donc ignoraient les raisons de l’incarcération de leurs fils dans un cachot de l’auditorat militaire. Ces détenus ont été brimés et

rançonnés par les gardiens comme de vulgaires accusés, les officiers présents n’ayant donné aucun renseignement aux gardiens, sur le véritable statut de Serge Muhima et Alain Mulimbi. Etaient-ils témoins, suspects ou inculpés ?

39. Comme souvent dans de telles circonstances, cette arrestation a eu lieu en week-end, Serge Muhima et Alain Mulimbi, n’ont eu aucun droit de contacter leurs avocats.

40. Contre toute logique, une juridiction militaire se saisit donc, dans une démarche visiblement précipitée, d’une affaire de meurtre où la victime est civile, les témoins phares, devenus pour la circonstance « commanditaires » également civils, ainsi que les « présumés tueurs » eux-mêmes civils.

41. C’est finalement sous le coup de 23 heures ce samedi-là que les choses ont commencé à s’éclaircir et que les familles se sont résignées : il n’était pas possible d’espérer voir sortir Alain Mulimbi et Serge Muhima.

42. Les voila donc détenus dans un cachot militaire, sur base des déclarations de deux individus, miraculeusement sortis de nulle part, évasifs, l’air drogués, prétendant avoir tué Serge Maheshe et reconnaître un certain Dr Alain Mihigo et un « Ka Serge ».

43. Le lendemain matin, Alain et Serge ont pu voir les membres de leurs famille venus leur rendre visite. Ils ont eu droit à leur unique tasse de café ! Ils étaient encore dans le flou et ne comprenaient pas la tournure des événements mais gardaient espoir.

44. Vers 10 heures, ce dimanche 1er juillet, ils ont été entendus séparément, de même que les deux « tueurs » à gage auto-déclarés. Une fois de plus, ces derniers se sont illustrés par le ridicule et la confusion, donnant des informations contradictoires, invraisemblables et visiblement mal retenues.

45. Tour à tour, d’après leur récit, il s’agirait plutôt d’un Dr Alain Muhindo qui aurait commandité l’assassinat de Serge

Maheshe et non plus le Dr Alain Mihigo. Le lieu de préparation de leur complot serait un « nganda » ou bistrot

nommément identifié, dont le gérant connaissait très bien, toujours d’après eux, le Dr Alain Muhindo/Mihigo.

Interrogé à son tour, le gérant dudit « nganda » dit n’avoir jamais vu Alain Mulimbi.

46. Si l’incarcération d’Alain Mulimbi repose sur les allégations de deux individus auto-déclarés « tueurs », prétextant le

reconnaître comme le Dr Alain Mihigo/Muhindo, pour Serge Muhima, jusqu’à dimanche il aurait été incarcéré parce que les deux « tueurs » l’auraient reconnu et appelé « Ka Serge », « Kaka » étant une expression familièrement utilisée en Swahili pour désigner un « grand frère ».

5

47. Par ailleurs, l’auditorat militaire n’a pas semblé particulièrement s’intéresser à la vérification d’un autre fait allégué par nos « tueurs auto-déclarés », dont l’un prétendait être le cousin du défunt Serge Maheshe. Information facilement vérifiable auprès de la famille de ce dernier, ce que l’auditorat n’avait pas encore fait.

48. A ce jour, tout est visiblement fait pour torturer moralement Alain Mulimbi et Serge Muhima. Les interrogatoires deviennent de plus en plus interminables. Samedi et Lundi c’était Alain Mulimbi, Dimanche et Mardi c’était le tour de Serge Muhima, souvent de 8h à 15h30.

49. Ces vieilles pratiques, bien connues dans les milieux carcéraux et ceux de la sûreté, servent généralement à

épuiser les accusés et obtenir d’eux des aveux ! A ce jour, Alain et Serge ne sont ni témoins, ni en garde en vue, ni inculpés, ni même innocents ! A tour de rôle, les responsables des interrogatoires se déclarent fatigués et reportent

les séances au jour suivant.

Conclusions et questions

1. Où sont passés les premiers présumés auteurs de l’assassinat du journaliste Serge Maheshe ? Ces deux hommes,

faisant partie d’un premier lot de 18 personnes arrêtées lors du bouclage effectué par la police et l’armée, ont été identifiés par Alain Mulimbi et Serge Muhima lors de la reconstitution du samedi 16 juin 2007.

2. Où sont passés les premiers indices (douilles des balles, armes diverses,…) récupérés lors de ce bouclage ?

3. Si l’affaire de l’assassinat de Serge Maheshe ne met en oeuvre que des civils aussi bien du côté des victimes que des suspects, en quoi une juridiction militaire est-elle devenue, tout un coup, compétente ?

4. Au cas où une arme de guerre aurait servi à l’attentat, donnant à une juridiction militaire le prétexte de se saisir de l’affaire, comment l’arme a-t-elle été formellement identifiée si les expertises balistiques demandées dans un pays

étranger n’ont pas encore donné leurs conclusions. A qui appartenait cette fameuse arme ?

5. Pourquoi la piste de la police, pointant les militaires dans cette affaire d’assassinat et particulièrement d’eux d’entre eux n’a-t-elle pas été prise en considération par l’Auditorat militaire ?

6. Pourquoi les rumeurs d’une certaine altercation avant les malheureux événements du 13 juin 2007, entre Serge Maheshe et des éléments militaires identifiables, et les menaces qui s’en sont suivies, n’ont été relevées nulle part dans l’enquête par l’Auditorat militaire ? Ces militaires ont-ils été interrogés ?

7. Si l’Auditorat militaire s’intéresse particulièrement aux amis intimes de la victime, jeunes civils, comme commanditaires du crime odieux de leur ami, il est légitime de penser que l’Auditorat s’intéresserait avec le même acharnement sur les éventuels ennemis de la victime. Pourquoi cela n’est-il pas encore le cas aujourd’hui ?

8. D’où viennent ces singulières personnes qui sont venues avouer leur crime, prétendument commandités par les deux amis du défunt ? Quels sont l’identité et le statut réels de ces individus et comment a-t-on mis la main sur eux ?

9. Pourquoi a-t-il fallu attendre 18 jours pour que ces individus viennent faire des aveux?

10. Si ces individus prétendent être capables de commettre un crime sur une promesse de 30.000 $, l’Auditorat militaire ne considère-il pas qu’elles seraient également capables de faire des aveux orientés et de désignés de faux commanditaires sur une promesse d’une autre somme par les vrais commanditaires?

11. Pourquoi les deux seuls témoins oculaires de l’affaire deviennent-ils subitement les « suspects » numéro un, sans mobile apparent ?

12. Comme l’auditorat militaire semblerait privilégier une piste prétendument reconstituée à la suite d’appels téléphoniques, l’auditorat a-il pris la peine de procéder à un traçage des appels téléphoniques passés par les témoins, Serge Muhima et Alain Mulimbi, peu après le moment du meurtre ?

6

13. Les déclarations visiblement fantaisistes de l’Auditorat sur un prétendu déplacement des criminels dans le véhicule d’un des témoins le soir du crime, l’Auditorat a-t-il tenu en compte les pièces et les références fournies prouvant la vente du véhicule plus de 6 mois avant la date du crime ?

14. Qu’est-ce qui justifie la réaction quelque peu timorée de la MONUC à ce jour ? Un civil sous la protection de la MONUC, travaillant pour la MONUC, dans un véhicule de la MONUC a été lâchement assassiné. Cela suffit-il pour que la MONUC s’intéresse-t-elle de plus près à la nouvelle tournure des événements ? Pourtant les responsables des droits humains de la MONUC sont présents à la plupart des auditions.

15. Plus de vingt jours après l’assassinat crapuleux de Serge Maheshe et la tentative d’assassinat sur ses deux amis

Serge Muhima et Alain Mulimbi, la vérité se dissipe et un complot semble se tramer dans les couloirs de la justice militaire. Les deux témoins clefs de l’affaire sont aujourd’hui sans aucune protection dans les geôles de l’auditorat militaire, à la place de leurs bourreaux.

16. A quel moment allons-nous dire, tous ensemble, trop c’est trop ! A quel moment allons-nous décider de mettre fin à cette extermination de journalistes ? Pendant combien de temps encore allons-nous rester sans réaction face à l’extermination de pauvres civils par des hommes en armes ? Combien de temps encore devrons-nous attendre une véritable justice ?

Fait à Bukavu  le 4 juillet 2007

Familles et amis de Serge Muhima, Alain Mulimbi et amis.

Publicité
Commentaires
War Witness
Publicité
Publicité